
Ça me fait toujours un peu rire quand on m’accuse d’haïr les hommes. J’ai grandi dans une culture qui glorifie les hommes à tous les égards. Leur histoire, leurs oeuvres, leurs succès, leur sexualité…
Ayant grandi dans les années 80 et 90, tous mes cours d’histoire étaient consacrés aux conquêtes et aux exploits des hommes. La plupart des émissions qu’on regardait, des BD qu’on lisait et des films qu’on voyait mettaient en avant des figures masculines héroïques. La radio et Musique Plus diffusaient surtout de la musique faite par des hommes. Tous les politiciens, les reporters et les PDG qu’on voyait aux nouvelles étaient des hommes. À ce jour, 80 % de ma bibliothèque est constituée d’ouvrages d’auteurs masculins.
On m’a appris à admirer les hommes pour leur leadership, leur imagination, leur humour, leur génie, leurs œuvres, leur courage. On m’a appris à les considérer comme des modèles et à ne pas remettre en question leurs décisions. On m’a également appris à prendre soin d’eux et à rechercher leur validation, à considérer leurs besoins comme des priorités et leurs érections comme des urgences médicales.
(Les hommes misogynes vous diront qu’ils adorent les femmes: ils aiment leur mère, leur sœur, leur fille, et surtout leur blonde. Demandez-leur quelles femmes sans relation à eux ils admirent, quelles femmes ils considèrent comme des génies, quelles femmes sont des modèles pour eux, et ça se corse.)
Toujours est-il que j’aime les hommes. Mais quand j’y réfléchis, je réalise que je les aime pour les mêmes raisons que j’aime les femmes. Pour leur créativité, leur humour, leur intelligence, leur bienveillance, leur résilience, leur patience, leur empathie, leur complexité et leur beauté. Ainsi, j’aime les nouveau-nés joufflus, les petits garçons doux et curieux, les adultes passionnés et intéressés, les vieux rigolos, et tous ceux qui s’autorisent l’accès à tout l’éventail des qualités humaines.
Je n’aime pas l’agressivité, la brutalité, la violence gratuite, l’utilisation de la force dans le seul but de dominer et d’opprimer les autres, l’exploitation, l’impulsivité, l’intimidation, l’arrogance et l’incompétence émotionnelle. Je n’aime pas les gens qui pensent que leurs muscles produisent plus de force que la collaboration humaine.
Je n’aime pas ceux qui confondent l’anxiété qu’on ressent à leur contact avec le respect de leur autorité. Les auto-proclamés guerriers, qui exercent leur pouvoir à coup de massue.
Aucun de ces traits n’est biologique. Il se trouve seulement que la plupart des personnes chez qui ces attributs ont été élevés au rang de vertus sont des hommes. Ils sont même parfois utilisés pour décrire la masculinité.
Je ne crois pas aux énergies masculines et féminines. Je crois par contre à la décence et aux compétences sociales. Le virilisme politique ne démontre ni l’un ni l’autre.
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